« La Ville de Mamoudzou est aujourd’hui confrontée à une réalité dramatique : plusieurs groupes scolaires ne pourront pas rouvrir à la rentrée de septembre 2025 si les financements promis par l’État ne sont pas débloqués immédiatement.
Au lendemain du passage du cyclone Chido, notre commune a été parmi les premières à se mobiliser et a installé dès les premiers jours, une cellule de crise. Les diagnostics ont rapidement été engagés et les premiers travaux de reconstruction lancés. Cette mobilisation exemplaire a permis, dans certains cas, une réouverture d’écoles dès janvier 2025.
Ainsi, la refondation complète des infrastructures de la ville (bâtiments communaux, voirie, réseaux, propreté urbaine et sécurité) est évaluée à 90 698 202.36€, dont 18 915 497€ uniquement pour les établissements scolaires du premier degré. Cette évaluation des coûts est fondée sur des diagnostics terrain réalisés par des ingénieurs de la ville, mais également par des bureaux d’études et des architectes libéraux.
Soucieuse de garantir une continuité éducative sur le territoire communal, en collaboration avec le Rectorat et les services de la Préfecture, la Ville a engagé plus de 12 M€ de marchés (12 111 711,78€), pour lesquels 8,9 M€ ont été facturés, et 5,7 M€ mandatés et transmis au Trésor public. Pour rappel, 85% des écoles de Mamoudzou avaient été impactées par le cyclone à des degrés divers.
Pour autant, la procédure d’indemnisation de l’État, censée accompagner les collectivités territoriales touchées accuse un retard particulièrement significatif et problématique. Les efforts nourris par la Ville de Mamoudzou avec courage et responsabilité n’ont pas trouvé de prolongement dans une suite concrète donnée aux dossiers déposés sur “Démarche-simplifiée” dès janvier 2025. Même la démarche officielle de dépôt des demandes initiée en mars n’a pas été suivie d’effets. Nous sommes aujourd’hui en juillet 2025 et aucun euro n’a été enregistré à ce jour dans les comptes de la Ville en provenance de l’État au titre de la reconstruction post-Chido.
Nos services ont répondu avec diligence aux demandes de compléments formulées au fil de l’eau et dans l’urgence, générant une pression constante sur des équipes déjà éprouvées.
Cette lenteur administrative entraîne désormais un blocage de terrain :
✓ Des chantiers paralysés
Les entreprises locales, qui ont répondu présentes avec réactivité et engagement dès les premières semaines, ne peuvent plus acheter de matériaux, leurs fournisseurs ne font plus crédit, et certains salariés refusent (légitimement) de poursuivre sans rémunération. Certaines entreprises annoncent déjà qu’elles n’honoreront plus la commande publique si les paiements ne sont pas sécurisés, ou qu’elles intégreront une “prime de risque de non-paiement” dans leurs futurs devis. La Ville devra en supporter le surcoût – un surcoût injuste pour une collectivité aux ressources limitées.
✓ Un risque économique et social majeur
Le risque économique local est donc majeur, à court terme. Et il s’ajoute à une tension sociale déjà forte : depuis janvier, les parents ont accepté que leurs enfants n’aient que deux heures de cours par jour, dans un esprit de responsabilité face à la situation exceptionnelle. Mais ils n’accepteront pas que cette organisation dégradée se prolonge à la rentrée prochaine. Les parents d’élèves ne comprendront pas qu’à l’école de la République, 9 mois après le passage d’un cyclone aussi dévastateur soit-il, les conditions minimales d’apprentissage ne soient toujours pas rétablies. Ils nous remontent de vives inquiétudes, que je partage pleinement, sur les modalités de la rentrée scolaire 2025/2026.
Monsieur le Préfet, je vous le dis sans détour : la rentrée de septembre 2025 est sérieusement menacée dans plusieurs groupes scolaires fortement endommagés :
- Écoles élémentaires : Vahibé 2, Abdallah Sidi (Doujani 1), Abdourahamani Soilihi (Cavani Sud 1), Magnélé Houmadi (Kaweni Poste) ;
- Écolesmaternelles:Vahibé,CheikSayydAhamad(KaweniT9),AbdallahSelemaniKaweniT6),Jardin Fleuri.
Par ailleurs, le mobilier scolaire est également en cause. A la suite d’échanges avec le Rectorat, les responsables des 3 circonscriptions au niveau de la Ville ont fait remonter les besoins en mobilier pour équiper nos écoles dès avril. Or, moins de 20 % des demandes ont été satisfaites à ce jour ; ce qui risque fortement de compromettre la prochaine rentrée dans certains groupes scolaires.
Monsieur le Préfet, nous vous demandons solennellement d’intervenir pour permettre le déblocage immédiat des financements annoncés par l’État et l’accélération des procédures, afin :
▪ d’achever dans les délais les chantiers en cours;
▪ de permettre l’équipement en mobilier scolaire des écoles sinistrées.
▪ de garantir une rentrée dans des conditions dignes pour tous les enfants;
▪ de rétablir la confiance des entreprises dans la commande publique;
Il y va de l’intérêt supérieur des enfants de Mamoudzou, du respect des engagements pris par l’État, et de la crédibilité de l’action publique à Mayotte.
A l’heure où le Parlement vient d’adopter définitivement le 10 juillet dernier la loi pour refonder Mayotte, il est plus que jamais indispensable que les fonds annoncés (enveloppe exceptionnelle de 100 millions d’euros au titre du fonds d’amorçage, enveloppe communautaire de 25 millions) se traduisent enfin dans nos réalités bouleversées par des financements concrets de nos besoins les plus urgents ».